Chants, témoignages et photos des immigrés italiens en France
Création d’Anna Andreotti
avec :
- Margherita Trefoloni
- Simone Olivi
- Anna Andreotti
- le Chœur de chants d’Emigration
- et les photos de Veronica Mecchia
« Je suis un migrant, inconfortablement posté entre deux cultures cousines et pourtant dissemblables : la française que j’ai bue avec le lait maternel et qui m’a façonné tel que je suis – cartésien et de fibre passablement jacobine – et italienne qui était celle de mon père et que j’ai découverte à seize ans, à demi orphelin »
Extrait de Pierre Milza, Voyage en Ritalie, Petite Bibliothèque Payotan
Note d’intention
Rien ne m’émeut plus que de découvrir les traces d’un passé inconscient, des restes de vies qui n’étaient pas destinés à rester dans nos mémoires ; des lambeaux d’actions, d’usages et de coutumes du quotidien qui, malgré les actes, les actions et les décisions de « ceux qui sont destinés à rester » dans les mémoires, marquent la vie, les lieux, le tissu humain.
Pendant dix ans de vie à Montreuil, j’ai rencontré beaucoup d’Italiens de première, deuxième et troisième génération, tous heureux de pouvoir parler, échanger, parfois seulement des bribes de dialecte que je ne comprenais pas… Ainsi sont nés les apéritifs italiens ! Croisement entre la tradition française de l’apéritif et la convivialité italienne : à la fin on mange beaucoup et… on boit… beaucoup !
Bien des vies ont changé, dans la façon de penser, d’agir, de voir le quotidien. Les vies de ceux qui ont immigré, mais aussi de ceux qui ont accueilli sur leur territoire cette « invasion silencieuse » : « Nous, on se faisait petits » comme m’a dit une pépiniériste installée dans le quartier des murs à pêches, ou comme j’ai entendu l’autre jour à un apéro : « Dans ma rue, ils était tous italiens et les deux derniers pavillons, on les appelait « i francesi » »
Ce qui est sûr, c’est que ces années sont les dernières où ces traces peuvent encore être déchiffrées, beaucoup resteront inconscientes, non-dites et jamais transmises. Le matériau humain, temporaire par essence, nous confronte à la fragilité de notre « passage sur terre », à l’inexorable horloge humaine qui nous limite dans le temps et dans l’interaction avec les autres. De cette fragilité naît l’émotion.
Anna Andreotti
Genèse du projet
Ce projet est dédié à la recherche de traces enfouies dans la mémoire des Italiens et de leurs hôtes les Français : traces physiques sur le territoire (bâtiments, présence de magasins italiens…), traces émotionnelles, de coutumes et, tout particulièrement, traces musicales (chants, danses, comptines, fanfares, petites et grandes histoires…) le voyage a démarré…
Il reste encore des personnes à rencontrer, des histoires à découvrir, des chants à croquer à pleines dents !
Historique des étapes du projet
OCTOBRE 2002
La compagnie La Maggese présente un premier « cabaret »: « Sur les traces de l’immigration italienne » à la Maison Populaire de Montreuil.
JANVIER 2004
Naissance du groupe de chants de lutte italiens « Chants de Rage et de Révolte ». Nombreux sont ceux et celles qui, dans le groupe, ont des origines italiennes, (première, deuxième, troisième génération), ce qui donne une identité au groupe, et une qualité rare aux chants. Le travail témoigne d’une véritable richesse sonore et humaine.Ce ne sont pas des chanteurs professionnels mais leur engagement et leurs racines donnent une vraie légitimité au groupe. Beaucoup des chanteurs de Chants de Rage et de Révolte font aujourd’hui partie du chœur de l’Emigration.
PRINTEMPS – HIVER 2010
Premier collectage de témoignages et de chants auprès des immigrés, ou fils d’immigrés italiens sur Montreuil ou les communes environnantes. Travail de retranscription des témoignages et reportage photographique lors des entretiens.
AOUT 2010 – JUIN 2011
Première série de rencontres autours des chants pour monter le répertoire musical avec le groupe « Chants de rage et de révolte », les habitants de Montreuil intéressés et les « fils et filles d’immigrés italiens ». Naissance du groupe « Chants d’émigration ».
OCTOBRE 2010
Première station : « Le départ » présentée à la galerie L’Art au Garage, à Paris, esquisse essentiellement musicale.
MARS 2010
Deuxième station : « Paysages d’ici et d’ailleurs » présentée dans le cadre du Printemps des poètes ; des extraits des témoignages on été lus pour la première fois et mêlés à des chants récoltés lors des témoignages ; expositions des premiers portraits.
AVRIL 2010
Exposition de Veronica Mecchia « Sulle tracce dell’emigrazione italiana nell’est di Parigi » à Asti en Italie. Les photos sont accompagnées d’extraits de témoignages audio.
MAI – JUIN 2010
Troisième station : « Le travail – se ben che siamo donne e uomini paura non abbiamo», témoignages et chants présentés à Montreuil et à la Mairie du 13ème dans le cadre de la Semaine italienne avec l’exposition photo.
AUTOMNE – HIVER 2011-2012
Poursuite du collectage des témoignages et de leur retranscription. Montage du répertoire musical collecté. Exposition des photos et concert à l’espace Cosmopolis à Nantes pour la semaine de l’association COASIT. Transmission du répertoire aux chanteurs de Nantes.
OCTOBRE – DECEMBRE 2011
Quatrième station : « Langues – intégrations – identités « A mio figlio gl’ho imparato l’italiano » » à Montreuil au Théâtre des Roches puis à la Maison d’Italie à Paris. Concert à l’association de langue et culture italienne Polimnia à l’église protestante de la rue Madame à Paris. Montage du répertoire des chants, en particulier celui de la région du Frioul.
JANVIER 2012
Quatrième station bis : « Le Frioul : langues – intégrations – identités « J’aurais voulu m’appeler Gérard ou Michel » ». Spectacle au Théâtre de la Girandole à Montreuil et à la Maison d’Italie pour l’Association France-Frioul.
MARS 2012
Concert pour l’ouverture du portail des associations italiennes au Lycée Italien Leonardo da Vinci, Paris.
MAI 2012
Concert aux Chapiteaux Turbulents ! Paris 16ème, soirée de soutien pour le groupe Chants de Rage et de Révolte Montreuil.
MAI – JUIN 2012
Sixième station : « Mémoires perdues « On a pris tellement le pli d’ici que là-bas on y va plus souvent… » ou » Maintenant j’ai envie de savoir ! » » Confluences, Festival Théâtre et politique, Paris ; Charleville pour l’association Figli di Gonzaga ; Théâtre de verdure de la Girandole (site des murs à pêches), Montreuil.
DECEMBRE 2012
Concert à Èglise de Billettes, Paris 4ème.
MARS – JUILLET 2013
Septième station : « Paysages d’ici et d’ailleurs bis » C’était la vie d’alors, c’était pas des gens… c’était pas des sauvages, c’était des primitifs, ça vivait avec ce qu’ils avaient ! » » au Moulin des Muses, Théâtre communale de Breuillet ; à la Parole Errante à Montreuil ; à la salle Maurice Moitrier Moisson (78); Festival Les musicales du Castellas à Rousson (30)