Puisque tu es une fille

textes : Gisèle Halimi et Amelle Kared
avec : Marie Levy et Valérie Coue Sibiril
musique : Antoine Morineau
mise en scène : Anna Andreotti
décor : Cléri
régie générale : Frédérique Gillmann

« Puisque tu es une fille » c’est quoi ?

On est parti d’une simple question «Y a-t-il un sens à parler du féminisme aujourd’hui ? »
Avant on avait Gisèle Halimi, Simone de Beauvoir, Simone Veil, etc.…mais aujourd’hui ? Tout est résolu ? Et si on allait à la rencontre d’une des ces femmes pour qui tout a été résolu ?
Un dialogue entre une féministe d’hier et une femme d’aujourd’hui, entre une femme qui a quitté la Tunisie au prix des tous ses efforts pour poursuivre ses études dans les années 40  et une jeune fille de l’immigration qui a vécu en banlieue parisienne, qui s’est battue, elle aussi seule et envers tous, pour poursuivre ses études, mais aujourd’hui dans les années 90/2005. De là, est née l’idée d’une lecture spectacle où deux univers se rencontrent, dialoguent et se répondent, à la recherche de la solution commune. Un questionnement sur les relations hommes / femmes, sur le respect de soi, mais aussi des traditions. Un questionnement profondément  nécessaire et urgent dans une France qui est obligée de réclamer le droit à une éducation laïque. Deux comédiennes se parlent, se délivrent s’insurgent face aux injustices. Un musicien accompagne et rythme le récit. Un lieu de grande intimité et de grande écoute. Un espace nécessaire duquel peut surgir un vrai débat.

« Je suis d’une génération qui a grandi sûre d’arriver après la bataille en terrain conquis. Enfant j’ai vu ma grand-mère aller voter pour me donner plus tard le droit à l’IVG et au divorce, ma grand-mère qui était née en 1896…. Plus tard, j’ai commencé à voir la difficulté, les injustices et les douleurs. Un jour chez un bouquiniste je suis tombée sur une véritable collection de livres féministes bradés à quelques francs, c’était en 2000, le vendeur était ravi de me livrer tout ça, moi, j’ai par contre senti la nécessité brûlante de ces lectures. Dans le lot il y avait « La cause des femmes » de Gisèle Halimi. Quand le passé est trop près on ne le connaît pas et souvent on le renie, là j’ai plongé, ce passé était encore tellement mon présent. L’envie de le faire entendre était forte, mais comment. La vie de Gisèle Halimi m’avait parlée d’autant plus qu’elle me rappelait les combat acharnés d’une jeune amie (aujourd’hui dans notre France républicaine et laïque) pour payer ses études de droit envers et contre tous ….Depuis, bien cinq  années sont passées, j’ai passé des livres d’Halimi à Amelle Kared, ma jeune amie, et elle m’en a passé d’autres, on en a parlé.  Puis un jours Amelle me montre une ébauche de texte, on est dans un café bruyant, on est là pour se voir, elle pour me présenter sa petite fille et son ami…c’est une sorte de déclaration d’état, état de femme jeune, intelligente, libre et mère….j’ai voulu les faire se rencontrer, la mythique Gisèle et la jeune Amelle,  j’ai voulu qu’elle se parlent, que ces deux femmes nous  parlent …j’ai pensé que c’était important pour nous, que c’était urgent. On l’a construit ensemble avec Amelle pas à pas, et ce n’est pas fini, on ne sait pas si c’est du théâtre, de la vie ou simplement de la militance…mais on en a besoin. »
Anna Andreotti